Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/309

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rage point du travail, qu’on ne le force point à l’oisiveté qui le conduiroit au crime. Qu’il songe à son existence présente sans porter ses regards sur celle qui l’attend après sa mort. Qu’on excite son industrie, qu’on récompense ses talens, qu’on le rende actif, laborieux, bienfaisant, vertueux en ce monde qu’il habite ; qu’on lui montre que ses actions peuvent influer sur ses semblables, & non sur les êtres imaginaires que l’on a placés dans un monde idéal. Qu’on ne lui parle pas des supplices dont la divinité le menace pour le tems où il ne sera plus ; qu’on lui fasse voir la société armée contre ceux qui la troublent ; qu’on lui montre les conséquences de la haine de ses associés ; qu’il apprenne à sentir le prix de leur affection ; qu’il apprenne à s’estimer lui-même, qu’il ait l’ambition de mériter l’estime des autres ; qu’il sache que pour l’obtenir il faut avoir de la vertu, & que l’homme vertueux dans une société bien constituée n’a rien à craindre ni des hommes ni des dieux.

Si nous voulons former des citoyens honnêtes courageux, industrieux, utiles à leur pays, gardons-nous de leur inspirer dès l’enfance des craintes mal fondées de la mort ; n’amusons point leur imagination de fables merveilleuses ; n’occupons point leur esprit d’un avenir inutile à connoître & qui n’a rien de commun avec leur félicité réelle. Parlons de l’immortalité à des ames courageuses & nobles : montrons la comme le prix de leurs travaux à ces esprits énergiques qui s’élancent au delà des bornes de leur existence actuelle, & qui peu contens d’exciter l’admiration & l’amour de leurs contemporains, veulent encore arracher les hommages des races futures. En effet il est une