Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en tout aux mêmes règles. Le systême de sa liberté prétendue n’est appuyée sur rien ; il est à chaque instant démenti par l’expérience ; elle lui prouve qu’il ne cesse jamais d’être dans toutes ses actions sous la main de la nécessité ; vérité qui, loin d’être dangereuse pour les hommes ou destructive pour la morale, lui fournit sa vraie base, puisqu’elle fait sentir la nécessité des rapports subsistans entre des êtres sensibles, & réunis en société, dans la vue de travailler par des efforts communs à leur félicité réciproque. De la nécessité de ces rapports naît la nécessité de leurs devoirs & la nécessité des sentimens d’amour qu’ils accordent à la conduite qu’ils nomment vertueuse, ou de l’adversion qu’ils ont pour celle que l’on nomme vicieuse & criminelle. D’où l’on voit les vrais fondemens de l’obligation morale, qui n’est que la nécessité de prendre les moyens pour obtenir la fin que l’homme se propose dans la société, ou chacun de nous, pour son propre intérêt, son propre bonheur, sa propre sûreté, est forcé d’avoir & de montrer les dispositions nécessaires à sa propre conservation & capables d’exciter dans ses associés les sentimens dont il a besoin pour être heureux lui-même. En un mot c’est sur l’action & la réaction nécessaires des volontés humaines, sur l’attraction & la répulsion nécessaires de leurs ames, que toute morale se fonde : c’est l’accord ou le concert des volontés & des actions des hommes qui maintient la société, c’est leur discordance qui la dissout ou la rend malheureuse.

L’on a pu conclure de tout ce que nous avons dit que les noms sous lesquels les hommes ont désigné les causes cachées qui agissent dans la nature & leurs effets divers ne sont jamais que la né-