Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/67

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lui ſont propres, & il reçoit d’une façon plus ou moins marquée l’action ou l’impulſion des êtres qui agiſſent ſur lui d’après les loix propres à leur eſſence. C’eſt ainſi qu’il eſt diverſement modifié, mais ſes actions ſont toujours en raiſon compoſée de ſa propre énergie & de celle des êtres qui agiſſent ſur lui, & qui le modifient. Voilà ce qui détermine ſi diverſement & ſouvent ſi contradictoirement ſes penſées, ſes opinions, ſes volontés, ſes actions, en un mot les mouvemens ſoit viſibles ſoit cachés qui ſe paſſent en lui. Nous aurons occaſion par la ſuite de mettre cette vérité, aujourd’hui ſi conteſtée, dans un plus grand jour ; il nous ſuffit ici de prouver en général que tout dans la nature eſt néceſſaire, & que rien de ce qui s’y trouve ne peut agir autrement qu’il n’agit.

C’est le mouvement communiqué & reçu de proche en proche, qui établit de la liaiſon & des rapports entre les différens ſyſtêmes des êtres ; l’attraction les rapproche lorſqu’ils ſont dans la ſphere de leur action réciproque, la répulſion les diſſout & les ſépare ; l’une les conſerve & les fortifie, l’autre les affoiblit & les détruit. Une fois combinés ils tendent à perſévérer dans leur façon d’exiſter en vertu de leur force d’inertie ; mais ils ne peuvent y réuſſir, parce qu’ils ſont ſous l’influence continuelle de tous les autres êtres qui agiſſent ſucceſſivement & perpétuellement ſur eux : leurs changemens de formes, leurs diſſolutions, ſont néceſſaires à la vie, à la conſervation de la nature, qui eſt le ſeul but que nous puiſſions lui aſſigner, vers lequel nous la voyons tendre ſans ceſſe, qu’elle ſuit ſans interruption par la deſtruction & la réproduction de tous les êtres ſu-