Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/78

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On ne peut donc trop répéter, rélativement au grand ensemble, tous les mouvemens des êtres, toutes leurs façons d’agir ne peuvent être que dans l’ordre & sont toujours conformes à la nature ; dans tous les états par lesquels ces êtres sont forcés de passer, ils agissent constamment d’une façon nécessairement subordonnée à l’ensemble universel. Bien plus, chaque être particulier agit toujours dans l’ordre ; toutes ses actions, tout le systême de ses mouvemens, sont toujours une suite nécessaire de sa façon d’exister durable ou momentanée. L’ordre dans une société politique est l’effet d’une suite nécessaire d’idées, de volontés, d’actions dans ceux qui la composent, dont les mouvemens sont réglés de maniere à concourir au maintien de son ensemble ou à sa dissolution. L’homme constitué ou modifié de la maniere qui fait ce que nous appellons un homme vertueux agit nécessairement d’une façon dont résulte le bien-être de ses associés ; celui que nous appellons méchant agit nécessairement d’une maniere dont résulte leur malheur. Leurs natures & leurs modifications étant différentes ils doivent agir différemment ; le systême de leurs actions, ou leur ordre relatif, est dès-lors essentiellement différent.

Ainsi l’ordre & le désordre dans les êtres particuliers ne sont que des manieres d’envisager les effets naturels & nécessaires qu’ils produisent rélativement à nous-mêmes. Nous craignons le

    apprend que les opposés de ce genre sont l’animé & l’inanimé. La mort est si peu opposée à la vie qu’elle en est le principe : du corps d’un seul animal qui a cessé de vivre, il s’en forme mille autres vivans ; tant il est évident que la vie est dans la puissance de la nature ”. Voyez dissertations mêlées imprimées à Amsterdam en 1740. pag. 252 & 253.