Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/92

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re tombe, ou que son bras se meut est, peut-être, aussi difficile à concevoir ou à expliquer que celle du mouvement interne dont la pensée & la volonté sont les effets. Ainsi faute de méditer la nature, de l’envisager sous ses vrais points de vue, de remarquer la conformité & la simultanéité des mouvemens de ce prétendu moteur & de ceux de son corps ou de ses organes matériels, il jugea qu’il étoit non seulement un être à part, mais encore d’une nature différente, de tous les êtres de la nature, d’une essence plus simple & qui n’avoit rien de commun avec tout ce qu’il voyoit[1].

C’est de là que sont venues successivement les notions de spiritualité, d’ immatérialité, d’ immortalité & tous les mots vagues que l’on inventa peu-à-peu à force de subtiliser, pour marquer les attributs de la substance inconnue que l’homme croyoit renfermer en lui-même, & qu’il jugeoit être le principe caché de ses actions visibles. Pour couronner les conjectures hazardées que l’on avoit faites sur cette force motrice, on supposa que différente de tous les autres êtres & du corps qui lui servoit d’enveloppe, elle ne devoit point comme eux subir de dissolution ; que sa parfaite simplicité l’empêchoit de pouvoir se décomposer ou changer de formes, en un mot qu’elle étoit par son essence exempte des révolutions auxquelles

  1. « Il faudroit, dit un auteur anonyme, définir la vie avant de raisonner de l’ame ; mais c’est ce que j’estime impossible, parce que dans la nature il y a des choses uniques & si simples que l’imagination ne peut ni les diviser ni les réduire à des choses plus simples qu’elle-même ; telles sont la vie, la blancheur, la lumiere que l’on n’a pu définir que par leurs effets ». Voyez dissertations mêlées pag. 252. La vie est l’assemblage des mouvemens propres à l’être organisé, & le mouvement ne peut être qu’une propriété de la matiere.