Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/95

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soumise aux mêmes loix, & qui en diffère à d’autres égards & suit des loix particulières, déterminées par la diversité de sa conformation. Si l’on demande d’où l’homme est venu ? Nous répondrons que l’expérience ne nous met point à portée de résoudre cette question, & qu’elle ne peut nous intéresser véritablement ; il nous suffit de sçavoir que l’homme existe & qu’il est constitué de maniere à produire les effets dont nous le voyons susceptible.

Mais, dira-t-on, l’homme a-t-il toujours existé ? L’espece humaine a-t-elle été produite de toute éternité ? Ou bien n’est-elle qu’une production instantanée de la nature ? Y a-t-il eu de tout tems des hommes semblables à nous, & y en aura-t-il toujours ? Y a-t-il eu de tout tems des mâles & des femelles ? Y a-t-il eu un premier homme dont tous les autres sont descendus ? L’animal a-t-il été antérieur à l’œuf ou l’œuf a-t-il précédé l’animal ? Les especes sans commencement seront-elles aussi sans fin ? Ces especes sont-elles indestructibles, ou passent-elles comme les individus ? L’homme a-t-il toujours été ce qu’il est, ou bien avant de parvenir à l’état où nous le voyons a-t-il été obligé de passer par une infinité de développemens successifs ? L’homme peut-il enfin se flatter d’être parvenu à un état fixe, ou bien l’espece humaine doit-elle encore changer ? Si l’homme est le produit de la nature, on nous demandera si nous croyons que cette nature puisse produire des êtres nouveaux & faire disparoitre les especes anciennes ? Enfin dans cette supposition l’on voudra sçavoir pourquoi la nature ne produit pas sous nos yeux des êtres nouveaux ou des especes nouvelles ?