Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/180

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ture nous entendons ce qu’elle est véritablement, un amas de matières existantes & pourvues de propriétés, nous serons forcés de reconnoître que la nature doit se mouvoir elle-même, & par ses mouvemens divers être capable, sans secours étrangers, de produire tous les effets que nous voyons ; nous trouverons que rien ne se fait de rien ; que rien ne se fait au hazard ; que la façon d’agir de chaque molécule de matière est nécessairement déterminée par son essence propre ou ses propriétés particulières.

Nous avons dit ailleurs que ce qui ne peut se détruire ou s’anéantir n’a pu commencer d’exister. Ce qui n’a pu commencer d’exister existe nécessairement ou renferme en lui-même la cause suffisante de sa propre existence. Il est donc très inutile de chercher hors de la nature, qui nous est connue, du moins à quelques égards, ou d’une cause existante par elle-même une autre cause totalement inconnue de son existence. Nous connoissons dans la matière des propriétés générales, nous découvrons quelques-unes de ses qualités ; à quoi bon lui chercher une cause inintelligible, que nous ne pouvons connoître par aucune propriété ? à quoi bon recourir à l’opération inconcevable & chimérique que l’on a voulu désigner par le mot de création[1]. Concevons-nous qu’un être immatériel ait pu tirer la matière de son propre

  1. Quelques Théologiens ont eux-mêmes regardé Te système de la création comme une hypothèse suspecte et peu. probable, qui fut imaginée quelques siècles après Jésus-Christ. Un auteur qui a voulu réfuter Spinosa,prétend que Tertullien est le premier qui ait soutenu cette opinion contre un autre philosophe chrétien qui soutenait l’éternité de la matière. V. L’impie convaincu, à la fin de l’avertissement, L’auteur de cet ouvrage va jusqu’à prétendre qu’il est impossible de combattre Spinosa, sans admettre la coexistent éternelle de la matière avec Dieu.