Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/223

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sur la terre tous les cultes, toutes les superstitions les plus folles & les plus cruelles, toutes les pratiques insensées, tous les systêmes absurdes, toutes les notions & les opinions extravagantes, tous les mystères, les dogmes, les cérémonies, les rites, en un mot toutes les religions ; elles ont été, & seront toujours des sources éternelles d’allarmes, de discorde & de délire pour des rêveurs nourris de bile ou enivrés de la fureur divine que leur humeur atrabilaire dispose à la méchanceté, que leur imagination égarée dispose au fanatisme, que leur ignorance prépare à la crédulité & soumet aveuglément à leurs prêtres : ceux-ci pour leurs propres intérêts se serviront souvent de leur dieu farouche pour les exciter aux crimes & les porter à ravir aux autres le repos dont ils sont privés eux-mêmes.

Ce n’est que dans la diversité des tempéramens & des passions qu’il faut chercher la différence que nous voyons entre le dieu du théiste, de l’optimiste, de l’enthousiaste heureux, & celui du dévot, du superstitieux, du zélé, que son ivresse rend si souvent insociable & cruel. Ils sont également insensés ; ils sont les dupes de leur imagination ; les uns dans le transport de leurs amours ne voient Dieu que du côté favorable ; les autres ne le voient jamais que du mauvais côté. Toutes les fois que l’on part d’une supposition fausse, tous les raisonnemens qu’on fait ne sont qu’une longue suite d’erreurs ; toutes les fois que l’on renonce au témoignage des sens, à l’expérience, à la nature, à la raison, il est impossible de connoître les bornes où l’imagination s’arrêtera. Il est vrai que les idées de l’enthousiaste heureux seront moins dangereuses pour lui-même & pour les