Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/237

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l’esprit & le cœur seroient dans ses mains. Tous les miracles annoncés par toutes les religions du monde, comme des preuves de l’intérêt qu’y prend le très haut, ne prouvent rien que l’inconstance de cet être, & l’impossibilité où il se trouve de persuader aux hommes ce qu’il veut leur inculquer.

Enfin pour dernière ressource on nous demandera s’il ne vaut pas mieux dépendre d’un être bon, sage, intelligent que d’une nature aveugle ; dans laquelle nous ne trouvons aucune qualité consolante pour nous, ou d’une nécessité fatale toujours inexorable à nos cris ? Je réponds 1 que notre intérêt ne décide point de la réalité des choses, & que quand même il nous seroit plus avantageux d’avoir affaire à un être aussi favorable qu’on nous le désigne, cela ne prouveroit pas l’existence de cet être. Je réponds 2 que cet être si bon & si sage, nous est, d’un autre côté, représenté comme un tyran déraisonnable, & qu’il seroit plus avantageux pour l’homme de dépendre d’une nature aveugle, que d’un être dont les bonnes qualités sont démenties à chaque instant par la même théologie qui les lui a données. Je réponds 3° que la nature duement étudiée nous fournit tout ce qu’il nous faut pour nous rendre aussi heureux que notre essence le comporte. Lorsqu’à l’aide de l’expérience nous consultons cette nature ou nous cultivons notre raison, elle nous découvre nos devoirs, c’est-à-dire, les moyens indispensables auxquels ses loix éternelles & nécessaires ont attaché notre conservation, notre bonheur propre & celui de la société dont nous avons besoin pour vivre heureux ici bas. C’est dans la nature que nous trouvons de quoi satisfaire à nos besoins physiques ;