Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/252

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perstition souffrent que des enfans étourdis par la flatterie les gouvernent avec un sceptre de fer, dont ces imprudens ne sentent point qu’ils se blessent eux-mêmes ; ces insensés changés en Dieu sont les maîtres de la loi, ils décident pour la société dont la langue est enchaînée, ils ont le pouvoir de créer & le juste & l’injuste ; ils s’exemptent des règles que leur caprice impose aux autres, ils ne connoissent ni rapports, ni devoirs, jamais ils n’ont appris à craindre, à rougir, à sentir des remords : leur licence est sans bornes parce qu’elle est assûrée de rester impunie ; en conséquence ils dédaignent l’opinion publique, la décence, les jugemens des hommes qu’ils sont à portée d’accabler sous le poids de leur puissance énorme. Nous les voyons communément livrés aux vices & à la débauche, parce que l’ennui & les dégouts, qui suivent la satiété des passions assouvies, les forcent de recourir à des plaisirs bizarres, à des folies coûteuses, pour réveiller l’activité dans leurs ames engourdies. En un mot accoutumés à ne craindre que Dieu seul, ils se conduisent toujours comme s’ils n’avoient rien à craindre.

L’histoire ne nous montre dans tout pays qu’une foule de potentats vicieux & mal faisans ; cependant elle ne nous en montre guères qui aient été des athées. Les annales des nations nous offrent au contraire un grand nombre de princes superstitieux qui passèrent leur vie plongés dans la molesse, étrangers à toute vertu, uniquement bons pour leurs courtisans faméliques insensibles aux maux de leurs sujets, dominés par des maîtresses & d’indignes favoris, ligués avec des prêtres contre la félicité publique, enfin des persécuteurs qui pour plaire à leur Dieu, ou pour expier