Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/265

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qu’un athée peut avoir pour faire le bien & s’abstenir du mal, s’en sert dans l’occasion, parce qu’il en sent toute la force.

Presque tous les hommes croient un dieu vengeur & rémunérateur, cependant en tout pays nous trouvons que le nombre des méchans excède de beaucoup celui des gens de bien. Si nous voulons remonter à la vraie cause d’une corruption si générale, nous la trouverons dans les notions théologiques elles-mêmes, & non dans les sources imaginaires que les différentes religions du monde ont inventées pour rendre compte de la dépravation humaine. Les hommes sont corrompus parce qu’ils sont presque par-tout mal gouvernés ; ils sont indignement gouvernés parce que la religion a divinisé les souverains ; ceux-ci assûrés de l’impunité & pervertis eux-mêmes ont nécessairement rendu leurs peuples misérables & méchans. Soumis à des maîtres déraisonnables ils n’ont jamais été guidés par la raison. Aveuglés par des prêtres imposteurs leur raison leur devint inutile ; les tyrans & les prêtres ont avec succès combiné leurs efforts pour empêcher les nations de s’éclairer, de chercher la vérité, de rendre leur sort plus doux, & leurs mœurs plus honnêtes.

Ce n’est qu’en éclairant les hommes, en leur montrant l’évidence, en leur annonçant la vérité que l’on peut se promettre de les rendre & meilleurs & plus heureux. C’est en faisant connoître aux souverains & aux sujets leurs vrais rapports, leurs véritables intérêts que la politique se perfectionnera & que l’on sentira que l’art de gouverner les mortels n’est point l’art de les aveugler, de