Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que nos devoirs, sur la nature de l’homme, sur les rapports subsistans entre des êtres intelligens, qui chacun de leur côté sont amoureux de leur bonheur, sont occupés à se conserver, qui vivent en société afin d’y parvenir plus surement. En un mot il faut donner pour base à la morale la nécessité des choses.

En pesant ces principes, puisés dans la nature, évidents par eux-mêmes, confirmés par des expériences constantes, approuvés par la raison, l’on aura une morale certaine & un systême de conduite qui ne se démentira jamais. On n’aura pas besoin de recourir aux chimeres théologiques pour régler sa conduite dans le monde visible. On sera en état de répondre à ceux qui prétendent que sans un dieu il ne peut y avoir de morale ; & que ce dieu, en vertu de sa puissance & de l’empire souverain qui lui appartient sur ses créatures, a seul droit de leur imposer des loix, & de les soumettre à des devoirs qui les obligent. Si l’on fait réflexion à la longue suite d’égaremens & d’erreurs qui découlent des notions obscures que l’on a de la divinité, & des idées sinistres que toute religion en donne partout pays, il seroit plus vrai de dire que toute saine morale, toute morale utile au genre humain, toute morale avantageuse pour la société, est totalement incompatible avec un être, que l’on ne présente jamais aux hommes que sous la forme d’un monarque absolu, dont les bonnes qualités sont continuellement éclipsées par des caprices dangereux : conséquemment on sera forcé de reconnoître que pour établir la morale sur des fondemens sûrs, il faut nécessairement commencer par renverser les systêmes chimériques, sur lesquels on a jusqu’ici