Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/309

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ra point de motifs pour redouter l’existence qui suivra celle dont il jouit à présent ; il ne craindra point de s’être trompé dans ses raisonnemens guidés par l’évidence & la bonne foi ; il comprendra que si, contre son attente, il existoit un dieu bon, il ne pourroit le punir de ses erreurs involontaires ; qui dépendroient de l’organisation qu’il en auroit reçue.

En effet, s’il existoit un dieu ; si Dieu étoit un être rempli de raison, d’équité, de bonté, & non un génie féroce, insensé, malfaisant, tel que la religion se plait si souvent à le montrer ; que pourroit appréhender un athée vertueux, qui croyant, au moment de sa mort s’endormir pour toujours, se trouveroit en la présence d’un dieu qu’il auroit méconnu & négligé pendant sa vie.

" O Dieu, diroit-il, père qui t’es rendu invisible à ton enfant ! Moteur inconcevable & caché que je n’ai pu découvrir ! Pardonne si mon entendement borné n’a pu te connoître, dans une nature où tout m’a paru nécessaire. Pardonne si mon cœur sensible n’a pu démêler tes traits augustes, sous ceux de ce tyran farouche que le superstitieux adore en frémissant. Je n’ai pu voir qu’un vrai phantôme, dans cet assemblage de qualités inconciliables dont l’imagination t’avoit revêtu. Comment mes yeux grossiers auroient-ils pu t’appercevoir dans une nature, où tous mes sens n’ont jamais pu connoître que des êtres matériels, & des formes périssables ? Pouvois-je, à l’aide de ces sens, découvoir ton essence spirituelle, qu’ils ne pouvoient soumettre à l’expérience ? Comment trouver des preuves constantes de ta bonté dans tes ou-