Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/336

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le est altérée du sang des malheureux. Cela posé ce sont les vrais impies.

Celui qui ne connoît point la divinité ne peut lui faire injure, ni par conséquent être appellé un impie. être impie, dit épicure, ce n’est point ôter au vulgaire les dieux qu’il a, c’est attribuer à ces dieux les opinions du vulgaire. être impie, c’est insulter un dieu qu’on croit, c’est l’outrager sciemment. être impie, c’est admettre un dieu bon, tandis qu’on prêche en même tems la persécution & le carnage. être impie, c’est tromper les hommes au nom d’un dieu que l’on fait servir de prétexte à ses indignes passions. être impie, c’est dire qu’un dieu souverainement heureux & tout-puissant peut être offensé par ses foibles créatures. être impie, c’est mentir de la part d’un dieu que l’on suppose l’ennemi du mensonge. être impie enfin, c’est se servir de la divinité pour troubler les sociétés, pour les asservir à des tyrans ; c’est leur persuader que la cause de l’imposture est la cause de Dieu ; c’est imputer à Dieu des crimes qui anéantiroient ses perfections divines. être impie & insensé à la fois, c’est faire une pure chimere du dieu que l’on adore.

D’un autre côté, être pieux c’est servir la patrie, c’est être utile à ses semblables, c’est travailler à leur bien-être : chacun peut y prétendre suivant ses facultés ; celui qui médite, peut se rendre utile, lorsqu’il a le courage d’annoncer la vérité, de combattre l’erreur, d’attaquer les préjugés qui s’opposent par tout au bonheur des humains ; il est vraiment utile, & c’est même un devoir, d’arracher des mains des mortels les couteaux que le fanatisme leur distribue, d’ ôter à