Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/298

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puisqu’une colère inexorable est entrée dans ton cœur. — Souvent vous me parliez ainsi. Aujourd’hui, voici le grand combat dont vous étiez avides. Que chacun de vous, avec un cœur solide, lutte donc contre les Troiens.

Il parla ainsi, et il excita la force et le courage de chacun, et ils serrèrent leurs rangs. De même qu’un homme fortifie de pierres épaisses le mur d’une haute maison qui soutiendra l’effort des vents, de même les casques et les boucliers bombés se pressèrent, tous se soutenant les uns les autres, boucliers contre boucliers, casques à crinières étincelantes contre casques, homme contre homme. Et Patroklos et Automédôn, qui n’avaient qu’une âme, se mirent en tête des Myrmidones.

Mais Akhilleus entra sous sa tente, et souleva le couvercle d’un coffre riche et bien fait, et plein de tuniques, de manteaux impénétrables au vent et de tapis velus. Et là se trouvait une coupe d’un beau travail dans laquelle le vin ardent n’avait été versé que pour Akhilleus seul entre tous les hommes, et qui n’avait fait de libations qu’au Père Zeus seul entre tous les Dieux. Et, l’ayant retirée du coffre, il la purifia avec du soufre, puis il la lava avec de l’eau pure et claire, et il lava ses mains aussi ; et, puisant le vin ardent, faisant des libations et regardant l’Ouranos, il pria debout au milieu de tous, et Zeus qui se réjouit de la foudre l’entendit et le vit :

— Zeus ! Roi Dôdônaien, Pélasgique, qui, habitant au loin, commandes sur Dôdônè enveloppée par l’hiver, au milieu de tes divinateurs, les Selles, qui ne se lavent point les pieds et dorment sur la terre, si tu as déjà exaucé ma prière, et si, pour m’honorer, tu as rudement châtié le peuple des Akhaiens, accomplis encore mon vœu ! Je reste dans l’enceinte de mes nefs, mais j’envoie mon compagnon combattre en tête de nombreux Myrmidones. Ô Prévoyant Zeus ! donne-lui la victoire, affermis son cœur dans sa poi-