Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/422

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Pèleus me reçut dans ses demeures, m’y éleva avec tendresse et me nomma ton compagnon. Qu’une seule urne reçoive donc nos cendres, cette urne d’or que t’a donnée ta mère vénérable.

Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

— Pourquoi es-tu venu, ô tête chère ! et pourquoi me commander ces choses ? Je t’obéirai, et les accomplirai promptement. Mais reste, que je t’embrasse un moment, au moins ! Adoucissons notre amère douleur.

Il parla ainsi, et il étendit ses mains affectueuses ; mais il ne saisit rien, et l’âme rentra en terre comme une fumée, avec un âpre murmure. Et Akhilleus se réveilla stupéfait et, frappant ses mains, il dit ces paroles lugubres :

— Ô dieux ! l’âme existe encore dans le Hadès, mais comme une vaine image, et sans corps. L’âme du malheureux Patroklos m’est apparue cette nuit, pleurant et se lamentant, et semblable à lui-même ; et elle m’a ordonné d’accomplir ses vœux.

Il parla ainsi, et il excita la douleur de tous les Myrmidones ; et Éôs aux doigts couleur de rose les trouva gémissant autour du cadavre.

Mais le roi Agamemnôn pressa les hommes et les mulets de sortir des tentes et d’amener le bois. Et un brave guerrier les commandait, Mèrionès, compagnon du courageux Idoméneus. Et ils allaient, avec les haches qui tranchent le bois, et les cordes bien tressées, et les mulets marchaient devant eux. Et, franchissant les pentes, et les rudes montées et les précipices, ils arrivèrent aux sommets de l’Ida où abondent les sources. Et, aussitôt, de leurs haches pesantes, ils abattirent les chênes feuillus qui tombaient à grand bruit. Et les Akhaiens y attelaient les mulets qui dévoraient la terre de leurs pieds, se hâtant d’emporter vers le camp leur charge à travers les broussailles épaisses. Et les Akhaiens traînaient aussi les troncs feuillus, ainsi que le