Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/453

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J’avais engendré, dans la grande Troiè, des fils excellents, et pas un d’entre eux ne m’est resté, ni l’illustre Mèstôr, ni Trôilos dompteur de chevaux, ni Hektôr qui était comme un dieu parmi les hommes, et qui ne semblait pas être le fils d’un homme, mais d’un dieu. Arès me les a tous enlevés, et il ne me reste que des lâches, des menteurs, des sauteurs qui ne sont habiles qu’aux danses, des voleurs publics d’agneaux et de chevreaux ! Ne vous hâterez-vous point de me préparer ce char ? N’y placerez-vous point toutes ces choses, afin que je parte ?

Il parla ainsi, et, redoutant les menaces de leur père, ils amenèrent le beau char neuf, aux roues solides, attelé de mulets, et ils y attachèrent une corbeille. Et ils prirent contre la muraille le joug de buis, bossué et garni d’anneaux ; et ils prirent aussi les courroies du timon, longues de neuf coudées, qu’ils attachèrent au bout du timon poli en les passant dans l’anneau. Et ils les lièrent trois fois autour du bouton ; puis, les réunissant, ils les fixèrent par un nœud. Et ils apportèrent de la chambre nuptiale les présents infinis destinés au rachat de Hektôr, et ils les amassèrent sur le char. Puis, ils mirent sous le joug les mulets aux sabots solides que les Mysiens avaient autrefois donnés à Priamos. Et ils amenèrent aussi à Priamos les chevaux que le vieillard nourrissait lui-même à la crèche polie. Et, sous les hauts portiques, le héraut et Priamos, tous deux pleins de prudence, les attelèrent.

Puis, Hékabè, le cœur triste, s’approcha d’eux, portant de sa main droite un doux vin dans une coupe d’or, afin qu’ils fissent des libations. Et, debout devant les chevaux, elle dit à Priamos :

— Prends, et fais des libations au père Zeus, et prie-le, afin de revenir dans tes demeures du milieu des ennemis, puisque ton cœur te pousse vers les nefs, malgré moi. Sup-