Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/87

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Ainéias. Si nous les enlevons, nous remporterons une grande gloire.

Pendant qu’ils se parlaient ainsi, les deux Troiens poussaient vers eux leurs chevaux rapides, et le premier, l’illustre fils de Lykaôn, s’écria :

— Très-brave et très-excellent guerrier, fils de l’illustre Tydeus, mon trait rapide, ma flèche amère, ne t’a point tué ; mais je vais tenter de te percer de ma pique.

Il parla, et, lançant sa longue pique, frappa le bouclier du Tydéide. La pointe d’airain siffla et s’enfonça dans la cuirasse, et l’illustre fils de Lykaôn cria à voix haute :

— Tu es blessé dans le ventre ! Je ne pense point que tu survives longtemps, et tu vas me donner une grande gloire.

Et le brave Diomèdès lui répondit avec calme :

— Tu m’as manqué, loin de m’atteindre ; mais je ne pense pas que vous vous reposiez avant qu’un de vous, au moins, ne tombe et ne rassasie de son sang Arès, l’audacieux combattant.

Il parla ainsi, et lança sa pique. Et Athènè la dirigea au-dessus du nez, auprès de l’œil, et l’airain indompté traversa les blanches dents, coupa l’extrémité de la langue et sortit sous le menton. Et Pandaros tomba du char, et ses armes brillantes, aux couleurs variées, résonnèrent sur lui, et les chevaux aux pieds rapides frémirent, et la vie et les forces de l’homme furent brisées.

Alors Ainéias s’élança avec son bouclier et sa longue pique, de peur que les Akhaiens n’enlevassent le cadavre. Et, tout autour, il allait comme un lion confiant dans ses forces, brandissant sa pique et son bouclier bombé, prêt à tuer celui qui oserait approcher, et criant horriblement. Mais le Tydéide saisit de sa main un lourd rocher que deux hommes, de ceux qui vivent aujourd’hui, ne pourraient soulever. Seul, il le remua facilement. Et il en frappa