Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/196

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Or ſ’il te plaiſt, preſentement declaire,
Quel eſt ton Nom, auſſi qui fut ton Pere,
Sans me tromper : Et ſi tu n’es divin,
Mais des humains qui mangent Pain & Vin,
Approche toy, ſ’il te prend quelque envie,
Icy laiſſer ſoudainement ta vie.
    Adonc Glaucus, avec Grace & Audace,
Luy reſpondit. T’enquiers tu de ma Race ?
Le Genre humain eſt fragile, & Muable
Comme la Fueille, & auſſi peu durable.
Car tout ainſi qu’on voit les Branches vertes,
Sur le Printemps, de fueilles bien couvertes,
Qui par les ventz d’Autumne & la Froidure,
Tumbent de l’Arbre, & perdent leur verdure,
Puis derechef, la Gelée paſſée,
Il en revient en la place laiſſée :
Ne plus ne moins eſt du lignaige humain :
Tel eſt huy vis, qui ſera mort demain.
S’il en meurt ung, ung aultre vient à naiſtre :
Voila comment ſe conſerve leur eſtre.
Mais ſi tu as ſi grande volunté
D’entendre au vray mon Sang, &Parenté,
Ie la diray : combien qu’elle eſt cognue
Preſque de tous, & illuſtre tenue.
Au beau pays d’Arges la renommée
Pour ſes Paſtiz, eſt la Cité famée,
Dicte Ephyra : en laquelle habiterent
Mes bons Parens, & Sceptres y porterent.
Le premier fut Syſiphus tres puiſſant
Filz d’Eolus, de grandz biens joiſſant.
Qui engendra Glaucus duquel naſquit
Bellerophon, qui tant d’honeur acquit.