Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/199

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Deliberant touteſfois de parfaire
Le Contenu, & le Porteur deſfaire :
Premierement il voulut eſſayer
Au vray ſa force, & le feit employer
À meſtre à mort la Beſte redoubtable,
Dicte Chimere ; autant eſpoventable
Qu’il en fut onc : Monſtre que les grandz Dieux,
Pour ſe venger des forfaictz odieux
Des faulx humains, avoient miſe en nature
De fort eſtrange & hideuſe figure.
Car le Devant de ſon corps, & la Teſte,
Eſtoit Lion : le Mylieu de la beſte
Sembloit à Chievre & le Derriere eſtoit
Comme ung Dragon. En oultre elle jectoit
Et vomiſſoit flammes de feu terrible :
Au demeurant Cruele le poſſible.
Bellerophon touteſfois l’aſſaillit
Soubz le vouloir des Dieux & ne faillit
À ſon Deſſeing : Car apres grande peine,
Il l’eſtendit roide morte en la plaine.
Cela parfaict, encore il combatit
Les Solymois : & mortz les abbatit.
Et m’a lon dit, qu il faiſoit grand eſtime,
D’avoir ainſi vaincu la gent Solyme.
Oultre cela, le Roy charge luy donne
De ſ’eſprouver contre mainte Amazone :
Mais il eſtoit pourveu de ſi grant cueur,
Qu’il les occiſt, & demoura vainqueur.
Finablement voulant l’en deſpeſcher,
Secretement feit ung nombre embuſcher
De Lyciens, au pres d’une Fontaine,
Pour l’aſſallir mais l’empriſe fut vaine.