Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/293

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Si grand Douaire, & Riche t’aſſigner,
Qu’on n’a point veu, à nul Pere donner
Autant à Fille. Il a intention
De mectre adonc en ta Poſſeſſion,
Sept grans Citez pres de la Mer, peuplées.
De Citoiens, & de grands Biens meublées
Ceſt aſſavoir Enopa la gentille,
Cardamyla, & Hira la fertille,
Pheres divine, Epea la puiſſante,
Et Anthia, en Paſtiz floriſſante :
Puis Pedaſos eſtimée Tres noble
Et planteureuſe à cauſe du Vignoble.
    En ces Citez tu ſeras Honoré,
Ainſi qu’ung Dieu ſervy & reveré,
Les Citoiens vivans ſoubz la Police
De ton beau Sceptre, & Royale Iuſtice :
Voilà les Dons, voila la Recompenſe
Que recevras, en oubliant l’Offence.
Si tu ne veulx faire compte de l’Offre
Que l’on te ſaict, ny de cil que le t’offre,
N’auras tu pas au moins Compaſſion
De tes Amys, & de ta Nation ?
N’auras tu pas vouloir de ſecourir
Ces poures Grecs, ſans les laiſſer perir ?
Qui te ſeront comme aux Dieux obligez ?
Se cognoiſſans ſaulvez & deſchargez
Par ton moyen : Choſe louable, & telle
Qui t’acquerra une Gloire immortelle.
Et meſmement veu l’occaſion bonne,
Que tu auras d’eſprouver ta Perſone
Encontre Hector : lequel ores ſe vante
(Tant il eſt plain de ſuperbe Arrogante)