Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/164

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Mille tours variés ; la jeunesse à la ronde
Bat des mains : le vacarme éclate général.

Sur ce, le noble Ulysse au somptueux monarque :
« Alcine, toi le chef de tous ces habitants,
Tu m’avais annoncé des gymnastes de marque,
Et tu n’as pas menti ; mes regards sont contents. »

Il dit ; Alcinoüs, le cœur plein d’allégresse,
Harangua, comme il suit, son peuple de marins :
« Oyez, chefs et régents des Phéaces terrains !
Cet étranger me semble étonnant de sagesse.
Faisons-lui du foyer l’habituel cadeau.
Vous êtes douze rois nantis du rang suprême
Par le vote public ; moi, je suis le treizième.
Qu’il tienne de chacun tunique et frais manteau,
Avec un talent d’or d’une valeur parfaite.
Rassemblons ces présents, afin que sous les doigts
L’hôte ayant tout, arrive au souper, l’âme en fête.
Qu’Euryale l’apaise aussi d’un mot courtois,
Et par un don ; tantôt sa langue eut un caprice. »

Ainsi parla le roi ; chaque prince applaudit
Et pour sa quote-part dépêcha son céryce.
Euryale à son tour prit la parole et dit :
« Puissant Alcinoüs, honneur du territoire,
Je vais, selon ton ordre, apaiser le forain ;
De ma part il aura ce glaive tout d’airain,
À manche d’argyrose, au fourreau d’un ivoire
Sculpté d’hier : ce don lui sera d’un grand prix. »

Au fier Ulysse alors il tend l’arme superbe,