Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/81

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« Atride Ménélas, fils de Zeus, roi puissant,
Hélas ! la mort l’a pris, malgré sa rude verve,
Et bien qu’en sa poitrine il eût un cœur d’airain.
Mais allons ! qu’au plus tôt notre couche s’indique,
Pour goûter du sommeil le charme souverain.

Il dit ; l’Argive Hélène ordonne qu’au portique
Ses femmes vivement dressent des lits jumeaux,
Y mettent draps pourprés, couvertures moelleuses,
Avec de chauds habits pour les heures frileuses.
Les servantes d’aller, en portant des flambeaux,
De préparer les lits : un héraut prend chaque hôte.
Le noble Télémaque et le fils de Nestor
Au vestibule ainsi se couchent côte à côte.
Atride en haut repose, et près de lui s’endort
Hélène au large voile, à la beauté suprême.

Quand l’Aube remontra son visage rosé,
Le brave Ménélas, s’éveillant de lui-même,
Se vêtit, en sautoir mit un glaive aiguisé,
Noua sur ses pieds blancs de superbes sandales,
Puis, brillant comme un dieu, de sa chambre bondit.
Il vint s’asseoir auprès de Télémaque, et dit :
« Jeune héros, quel soin, sur les ondes brutales,
T’a poussé jusqu’aux murs de ma fière cité ?
Est-il privé, public ? Parle, sans rien abscondre. »

Le prudent Télémaque aussitôt de répondre :
« Atride Ménélas, fils de Zeus, roi vanté,
Je viens me renseigner près de toi sur mon père.
Ma demeure est à sac, terrains et revenus.
Un groupe de méchants y règne avec colère,