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gu’il a clé accepté par la généralilé d’une nation , car lion ou maurais, fondé ou non, ce que tout le monde adople, devient une espèce de loi, surtout en fait de langage.

La prononciation doit-elle, et peut-elle servir de base à l’orthographe des langues dérivées ;

Voilà encore une question sur laquelle il y a eu, grande division parmi les écrivains, faute d’avoir établi une distinction sans laquelle il est impossible de la résoudre d’une manière satisfaisante. Il faut se rappeler, pour y parvenir, ce qui a déjà été dit : « Que u les langues dérivées se sont formels de deux manières , en s’enrichissant des mots des autres par iouie ou par la vue , c’est-à-dire, • par tradition orale ou par écrit ;» parce que celles qui ont emprunté par tradition orale, les mots dont ellesse composent, n’ont pu avoir égard qu’à la prononciation ; tandis que les autres les ayant pris sur des écrits, ont dû copier littéralement, d’où l’orthographe étymologique.

Plusieurs écrivains qui, sans faire celte distinction, et sans avoir égard aux inconvénients qui en résulteraient, ont émis le vœu que toutes les langues fussent écrites comme on les prononce, ont picposé l’Italien pour modèle. Il serait d’abord très facile de leur prouver qu’en Italie comme ailleurs, la prononciation varie beaucoup, quoique l’orthographe soit filée, et que s’il y a des contrées où l’on écrit comme on prononce, il y en a beaucoup d’autres où l’on prononce autrement que l’on écrit ; on pourrait leur dire ensuite , que les auteurs de la langue italienne, ayant dès son origine, pris ia prononciation pour base fondamentale, ont évité avec un soin tout particulier, de créer des mots consonnants pour désigner des choses différentes , précaution qui n’a pas été prise à l’égard des langues française et provençale , dans lesquelles les homonymes pulluleraient si l’on s’en rapportait à la prononciation pour distinguer les mots les uns des autres. Dans une langue bien faite, comme en histoire naturelle, il n’est pas permis que des objets différents portent des noms semblables ; aussi rien n’esl-il plus contraire aux vrais principes de la linguistique, que la création moderne d’une foule de mots qui avaient déjà leurs homonymes dans la même langue ; tels que i iabililè, par exemple , pour exprimer le bon état d’un chemin. Ce mot élan ! depuis longtemps consacre p nur caractérise ! l’étal, la qualité d’un enfant viable,