Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/103

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dessus, » répondit l’autre sévèrement ; « je ne suis pas homme à oublier le nécessaire. » Guillot, comprenant que son ami n’était pas de la meilleure humeur, s’abstint de toute autre question et s’occupa d’obéir à ses ordres. Il revint bientôt avec une voiture, où les Géants chargèrent les bagages, comme si l’on était sur un grand départ, montant eux-mêmes à l’intérieur avec leur prisonnier, à qui ils avaient pris la précaution de faire changer d’habits, en lui mettant sur les épaules, au lieu des siens, un pardessus grossier. Ils fouettèrent leurs chevaux et s’en furent au loin, atteignant enfin un port, où ils s’arrêtèrent, rejoints par d’autres de leur engeance. Ces derniers aidèrent à décharger la voiture et descendirent le bagage au bateau attendant au ras du quai, pendant que le reste s’occupait d’Henri, qu’on porta à bord. Le bateau sortit du port à toute vapeur et suivit la rivière boueuse qui, aux yeux de Rubis enchaînée par le sommeil, semblait plus noire et plus épaisse que jamais. Enfin, après ce qui parut des heures au rêve de la jeune épouse, la troupe arriva devant une ouverture de roc à l’aspect de caverne, où entra le steamer ; débarqués, Henri et les Géants s’avancèrent. Le souterrain était fort grand et d’aspect sombre, quoique brillassent plusieurs lumières sur la longue