Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/109

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pensa à sa chère petite femme : mais c’était un homme essentiellement brave, ne craignant rien dans le chemin du devoir qu’il suivait sans hésitation. Donc, calme et sans se laisser aucunement déconcerter, il répondit : « Vous m’avez attiré ici par un vil stratagème, au plus noir de la nuit, quand tout s’ignore, instant propice aux méfaits. J’y suis donc par force ; mais je veux répondre à toute question qu’il peut vous plaire de me poser, comme je le ferais si vous veniez à moi au grand jour, sous l’abri de mon toit, quoique j’aurais, dans ce cas, pour vous plus de respect.

— « Il est aussi par trop de sang-froid, Jacques, c’est moi qui le dis, » cria un des Géants, celui qui paraissait le maître de la bande. — « Je dis, » exclama Guillot, qui secrètement admirait le grand air d’Henri, « de laisser ce garçon tranquille, pour cette nuit, et demain la sensation nette des choses lui reviendra ; et aussi, qu’il faut un peu de grog chaud pour chasser les frimas, n’est-ce pas ? » La suggestion relative à un alcool était par trop la bienvenue pour qu’on n’y cédât point ; aussi, mettant sur le feu une bouilloire monstre, tous s’approchèrent de la table pour préparer le grog. — « Et quel bien supposez-vous que cela vous fera de m’amener ici ? » s’enquit Henri, hautainement. — « Ah ! » fit