Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/124

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la cabine, juste comme le capitaine sirotait son thé brûlant. Rubis oublia que, comme il n’était point préparé à l’entendre, sa voix même douce lui causerait un saisissement : aussi commença-t-elle à lui chuchoter aux oreilles, mais cela le chatouilla au point de le faire presque étouffer, et il renversa tout son thé chaud. Ce fait, outre qu’il irrita très-fort notre homme, retarda toute explication, et Rubis comprit que, jusqu’à ce qu’il se fût remis tout à fait, il ne prêterait pas l’ouïe à son récit : elle résolut d’être plus prudente à l’avenir.

Quand le capitaine se fut en quelque sorte retrouvé, Rubis se risqua de nouveau à l’approcher. — « La peste soit du vent ! j’aurais bonne envie qu’il ne me chatouille pas furieusement ainsi, » exclama-t-il, se frottant l’oreille. — « Je vous en prie, pardonnez-moi, bon Monsieur, » répliqua Rubis aussi doucement qu’elle put ; « mais, vous le savez, le vent quelquefois prend ses libertés, et quelque chose me fait souffler plus fort que je ne voudrais, car j’ai le plus vif désir d’avoir votre oreille. » — « Qui, de par toute la puissance des Fées, me parle là ? » demanda le capitaine, lequel était un croyant aux esprits, et, possesseur d’une bonne conscience, ne s’alarmait point. — « Je suis la femme du meilleur homme du monde, Henri le Noble, de qui vous avez sans doute en-