Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/217

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De vains appels pourquoi me fatiguer ?
Les rocs battus en hiver par l'orage
Seraient moins sourds aux clameurs d'un naufrage.
Impunément, quoi ! tu pourrais narguer,
Trahir Cotys, le rit de l'amour libre,
Et, juge altier du magique Esquilin,
Faire mon nom odieux sur le Tibre ?
Que servirait d'acheter mon venin
Au Pélignum, d'en doubler la puissance ?
La mort sera moins prompte que tes vœux :
Tu traîneras une lourde existence,
Pour voir tes maux sans cesse plus affreux.
C'est le repos qu'invoquent et Tantale,
Dupe éternel d'un attrayant festin,
Et Prométhée, au vautour intestin,
Et ce Sisyphe à sa roche fatale
Toujours poussant: Souffrez ! dit le Destin.
Dans les dégoûts de ta vie anémique,
Toi, tu voudras t'élancer d'un sommet,
Ou te percer d'une lame norique,
Ou, mais en vain, t'étrangler au lacet.
Moi, cavalier enfourchant ton épaule,
Le monde alors me semblera petit.
Quoi ! sous ma main la cire marche et vit, —
Tu le sais bien, argus ! — du divin pôle