Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/104

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Qui viennent des royaumes sombres
Comparoître au magique autel.

Ce n’est pas tout. Il faut que du ciel arrachée
La lune descende en ce bois.
De son char, par un mot, la voilà détachée.
Des pauvres cariens les tambours et les voix
La rappellent en vain : la lune est empêchée.
À quoi ? Vous allez voir. Dès que tout s’est rendu
Aux loix de la magicienne,
Tirez-moi de souci, leur dit la carienne ;
Où puis-je retrouver un chien que j’ai perdu ?
Quoi, falloit-il troubler l’ordre de la nature,
Lui dit Hecate, pour ton chien ?
Eh que m’importe son allure,
Dit la vieille, pourvû que je n’y perde rien ?
Que de gens ne seroient, avec même puissance,
Ni plus justes ni plus sensez !
Pour un rien ils mettroient tout le monde en souffrance :
Ils se contentent ; c’est assez.
Est-ce hiperbole ? Non : et ma fable s’appuye
D’un fait connu de l’univers.
Parce qu’Alexandre s’ennuye,
Il va mettre le monde aux fers.