Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/123

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LES DEUX SONGES

Variété, je t’ai voué mon cœur.
Qui te perd un moment de vûë,
Tombe aussi-tôt dans la langueur.
Rien ne charme à la continuë ;
Seule, tu plais toûjours. J’ai pitié du lecteur
Quand tu n’as pas versé tes graces sur l’auteur.
Préside à mes récits ; préside à mes images ;
Peins toi-même mes paysages ;
Changeons d’objets ; changeons de lieux ;
Promene-moi dans mes ouvrages,
De la terre aux enferts, et des enfers aux cieux.
À peine la nature est-elle assez féconde ;
Tout est dit, tout devient commun.
Les conquerans voudroient un nouveau monde ;
C’est aux rimeurs qu’il en faut un.
Toûjours des animaux, des bois et des campagnes !
Sans cesse le même horizon !
Comment y résister ? L’on se croit en prison.
De la variété les graces sont compagnes,
J’en veux dans mon ouvrage égayer la raison.
Là j’amenerai sur la scène
Cadet Ciron qui se croit important ;
Tout auprès Jupiter de son trône éclatant
Gratifiera la race humaine ;