Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/163

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MINOS ET LA MORT

Rions, chantons, parons-nous de ces roses,
Que les doux zéphirs de leur main
Nous offrent fraîchement écloses ;
Saisissons un plaisir certain ;
De vin, d’amour doublons les doses ;
Hâtons-nous ; nous mourrons demain.
C’est fort mal conclu, n’en déplaise
Au bon Horace, au vieillard de Theos
Ils posent par tout cette these ;
Moi, j’en pose une autre en deux mots.
Laissons-là le plaisir ; songeons à la justice ;
Les momens que nous différons,
Pis que perdus pour nous, sont gagnés pour le vice ;
Hâtons-nous, demain nous mourrons.
Ces gens pour le plaisir tenant l’affirmative,
Fondez sur un prochain trepas,
Ne le voyoient pourtant qu’en perspective ;
Ils en parloient ; mais ils n’y pensoient pas.
Qui croit mourir demain, se tient sur le qui vive ;
Il voudroit être juste à vingt-quatre carats.
Ce n’est pas des plaisirs que l’on compte là-bas