Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/234

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Des grands je ferai les délices,
Et de ce pas je m’y vais héberger :
La cour des rois sera mon gîte.
Et moi, dit l’intérêt, je m’en vais au plus vite
Chez les négocians et messieurs leurs commis ;
J’y ferai bien-tôt des amis.
Je veux leur enseigner à se tracer sur l’onde
Aux plus lointains climats mille chemins nouveaux :
Je veux que sur de bons vaisseaux,
Ils me promenent par le monde :
Je verrai le païs. La débauche à son tour,
Dans la maison du riche établit son séjour.
Là, de rien elle n’aura faute ;
Goûtant de plus d’un vin et de plus d’un amour,
Elle va regner chez son hôte.
L’hipocrisie alors se logeoit encor mieux ;
Ces gens au doux parler, au saint baissement d’yeux,
Pour elle ont des chambres garnies :
Elle sera dans les temples des dieux
Maitresse des cérémonies,
Quant à la jalousie, où sera son quartier ?
Peut-elle manquer de retraites ?
Ne fût-il dans le monde entier
Que deux belles ou deux poëtes ?
Ainsi de se loger tout vice vint à bout.
La vanité pourtant paroissoit sans domaine.
Et toi, lui dit quelqu’un ? N’en soyez point en peine ;
Moi, dit-elle, messieurs, je logerai par tout.