Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/246

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Des organes usés rajustoit les ressorts ;
Pour chaque maladie avoit un spécifique.

Quant à Minerve, elle exerçoit
Une plus haute médecine ;
C’étoit l’ame qu’elle pansoit ;
En extirpoit le mal jusques à la racine.
L’homme est ami du stile charlatan :
Bien le sçavoit la prudente déesse.
Elle l’affecta donc, et comme orvietan,
Elle débitoit la sagesse.
Son affiche portoit en caracteres d’or
Qu’à son art souverain rien n’étoit incurable.
Que l’on m’amene un scélérat, un diable,
Quelque chose de pis encor ;
Je vous le rends blanc comme neige ;
Je vous le guéris net d’un seul trait d’élixir :
Au sortir de chez moi les vertus en cortege
Marcheront sur ses pas ; il n’aura qu’à choisir.
Je vous redresse un esprit gauche ;
Je vous nétoye un cœur gangréné de débauche ;
Fiévre d’ambition, au feu toûjours nouveau,
Avec redoublement et transport au cerveau
Mensonge continu, malice invétérée,
Avarice désespérée,
Tous les vices en un monceau,
Je m’en joue, et cent fois j’ai fait semblables cures.
Et n’allez pas penser que ce soient impostures :
Usez de mon reméde, et je n’en veux le prix
Que de ceux que j’aurai guéris.