Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/249

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Le trésor, à ce que j’estime
Sur ces précautions, doit être un bon morceau.
Nouveau travail et nouvelles dépenses.
Mais l’abîme comblé, les belles espérances
Se reculent encor. D’une épaisse forêt
Un pin gravé lui dit : le trésor est tout prêt ;
Mais pour aller jusqu’à sa niche,
Il faut abattre bien du bois.
Sur nouveaux frais, on travaille, on défriche ;
La cassette du prince est enfin aux abois.
Il arrive au travers de la futaye ouverte
Dans une campagne déserte.
Un seul dragon gardien du trésor,
Lui dit : ce n’est pas tout, il faut me vaincre encor.
Bon, dit l’autre ; il s’agit maintenant de courage :
Ma bourse étoit à bout, ma valeur ne l’est pas.
Il fond sur le dragon, qui réveillant sa rage,
Et d’un regard terrible annonçant le trépas,
Vomissoit un affreux nuage
De fumée et de feux precurseurs du carnage.
Le prince combat en héros ;
Le danger même l’évertuë.
Il porte mille coups ; le sang coule à grands flots ;
Il est blessé vingt fois ; mais à la fin il tuë.
Enfin, voici, dit-il, le trésor qu’on me doit.
Il appelle ; on vient voir ; on calcule la somme ;
On trouve, sou pour sou, tout l’argent qu’à nôtre homme
Avoit coûté ce grand exploit ;