Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/265

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pour regner ménageoit une ligue ;
D’un vrai conspirateur il avoit le maintien :
Bref, afin qu’il n’y manquât rien,
Le renard conduisoit l’intrigue.
Le beau spectacle que c’étoit
Qu’un choix de tels acteurs, tous dans leur caractére !
Étoit-ce une action que l’on représentoit ?
Non, c’étoit le vrai même ; on ne pouvoit mieux faire ;
C’étoit la bonne troupe : aussi l’on s’y portoit.
Mais, un singe un beau jour en levant les épaules,
Ô, dit-il, les pauvres acteurs !
Il gagea que lui seul joueroit tous les rôles,
Et raviroit les spectateurs.
On vous le prend au mot ; il joue,
Contrefait tout en moins de rien ;
Mais que servent ses sauts, sa grimace et sa moue ?
En faisant tout, il ne fait rien de bien.
Pour imiter le roi, sur ses pieds il se hausse,
Il fronce le sourcil, crie haut, fait l’emporté ;
Et ne met qu’une grandeur fausse
En place de la majesté.
Il fait l’amant sans grace et sans délicatesse ;
Le confident sans zéle et sans discrétion ;
Met dans le rôle de princesse
Force mines, faux airs, mainte affectation ;
Dans le séditieux ne fait voir que bassesse,