Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/285

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Malheur, s’écrioit-il, à l’animal vorace !
Quoi, sans tuer ne peut-on se nourrir ?
Nous avons tant de biens que le ciel de sa grace,
Dans les campagnes fait fleurir,
Et sur les rameaux fait meurir :
Vivons d’herbe et de fruits ; que faut-il autre chose ?
Tout ce qui vit, messieurs, doit être respecté.
Nous en dirons plus d’une cause :
Injustice primo ; secundo cruauté ;
Mais cruauté qui nous expose
À manger nos parens ; oui, nos parens, messieurs :
Car apprenez que par métempsicose,
(écoutez bien chers auditeurs)
Après que dans un corps l’ame a fait quelque pause,
Elle passe en un autre, et là ne se repose
Que pour passer encor ailleurs.
Vous voyez bien que le loup sanguinaire
En mangeant un mouton, peut bien manger son pere :
Que moi renard, si j’allois escroquer
Quelque poule ou bien quelque outarde,
Je m’exposerois à croquer
Ma pauvre mere la renarde.
Plûtôt mourir cent fois ! Ah ! Que le ciel m’en garde.

C’est ainsi que s’estomaquoit
Le Pithagore à longue queuë :