Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/341

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LE CHIEN ET L’ASNE

Martin, grave baudet, et l’agile Miraut,
En même endroit s’en alloient pour affaire.
L’un marchoit d’un pas de commere,
L’autre faisoit une toise d’un saut.
Ce n’étoit moyen d’aller même carriere :
Mais sautant en avant, puis autant en arriere,
Le lévrier leger s’éloignoit du lourdaut,
Et le rejoignoit aussi-tôt,
Marchant ainsi de compagnie,
Ils traversent tous deux mainte longue prairie ;
Ils passent monts et bois, fatiguans pour Martin.
Miraut, comme j’ai dit, faisant triple chemin ;
Et de l’agilité dont il faisoit parade,
Divertissant son camarade.
Enfin, tant fût troté, caracolé, sauté
Qu’avant que d’arriver au gîte,
Le haletant Miraut resta sur le côté.
Martin arriva seul, n’alla-t-il pas plus vîte ?
Allez à votre bût l’allure de Martin ;
N’imitez pas Miraut qui se tue en chemin.