Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/355

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Qu’il reste, dit l’hôtesse ; il n’en faudra pas mettre,
Je pense, plus grand pôt au feu.

En moins de rien le petit chat imite
Les manieres du grand, ses caresses, ses tours,
Et mieux encor s’en acquitte,
Saute, fait l’arlequin, fait patte de velours ;
Caprices que son âge assaisonne toûjours.
Il se rend si joli qu’on quitte
Le grand pour le petit ; c’est donc le chat gâté ;
Il est en pays de cocagne,
N’a que deux soins, paresse et volupté ;
Mange à table, couche à côté
De sa maîtresse en guise de compagne,
Et quand en vagabond, l’autre court la campagne,
Le cadet s’accoquine à son oisiveté.
La mere chate enfin lasse de ses tournées
Redemande ses fils et les reprend chez soi.
Ça, leur dit-elle, en mes vieilles années,
J’ai bien compté sur vous ; ayez grand soin de moi.
Soyez mon baton de vieillesse ;
La pauvre mere ! Elle avoit mal compté ;
L’un lui manque par sa paresse,
Et l’autre par sa dureté.
En vain elle se plaint, elle gronde, menace,
L’aîné la bat, cadet n’en travaille pas mieux.