Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/363

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LE LION TIRAN ET LE RENARD

Sire lion, tyran d’une contrée,
Levoit sur ses sujets un tribut inhumain.
Tous les jours un d’ent’reux amené sous sa main,
Devoit lui servir de curée.
Maître renard le brutus de ces bois,
Par son héroïque industrie,
De la dent tirannique affranchit sa patrie ;
Ainsi que la valeur, la ruse a ses exploits.
Un jour il se présente au prince ;
Sire, dit-il, après plus d’un salut,
Je m’étois chargé du tribut
Que vous rend votre humble province.
J’amenois le renard le plus beau d’entre nous ;
Gras et fait à plaisir pour être votre proie ;
Qui même en bon sujet se faisoit une joie
D’avoir été choisi pour vous.
Un lion insolent m’attendoit au passage ;
Il m’a pris le tribut, sans vouloir m’écouter,
De moi daignez vous contenter,
Ai-je redit vingt fois ; cet autre est le partage
D’un roi qui ne vaut rien fâché ;
Pour moi, vous dis-je encor, je suis à bon marché.
Va, m’a-t’il repondu, va chercher qui te mange,