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MYSTÉRIEUX
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terres pour se tenir sous les armes et souvent aller au loin porter à leur tour la dévastation et la mort. Avec cela, il y avait, de plus, à compter avec ces damnés Iroquois, la pire engeance, à coup sûr, que l’espèce humaine ait produite, qu’excitaient les Anglais contre nous, et qui faisaient la terreur de nos campagnes, à tel point que presque personne n’osait s’aventurer tant soit peu loin des forts de Québec, des Trois-Rivières et de Montréal pour se livrer à l’agriculture. Mais, comme je viens d’avoir l’honneur de vous le faire remarquer, depuis que le pays est en paix avec les Anglais, il est aussi bien plus tranquille du côté de ces barbares populations. Il faut dire, de plus, qu’on leur a servi plusieurs fois la soupe chaude et qu’on a joliment éclairci leurs rangs, ce qui compte sans doute un peu pour leur changement de conduite à notre égard. Je ne suis pas encore très âgé, moi ; cependant, j’ai connaissance du temps où l’on n’osait pas sortir des Trois-Rivières à moins d’être en troupe armée, de crainte de rencontrer des détachements de ces féroces enleveurs de chevelures. Aujourd’hui c’est bien changé tout cela, heureusement ; on voyage de Québec aux Trois-Rivières et des Trois-Rivières à Montréal sans risque ni péril par ce beau chemin du roi que M. le grand voyer de la Nouillière de Boisclerc traça lui-même et fit faire sous sa propre surveillance, il y a une dizaine d’années. C’est à cet habile monsieur, je vous assure, que les habitants de la rive nord du fleuve doivent de l’obligation ; car auparavant il n’y avait par-ici par-là que quelques chemins de colons, allant généralement du fleuve, le long des rivières, a de courtes distances dans l’intérieur du pays. Par exemple, les gens de la Rivière-du-Loup n’avaient qu’un chemin de pied pour aller à Maskinongé, et pour communiquer avec l’Île-du-Pads, alors la paroisse la plus reculée