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LE MANOIR

CHAPITRE VII

LE VRAI MAÎTRE DU LOGIS


Deschesnaux se retira discrètement en voyant entrer son maître ; Louise en fit autant.

— Enfin !… enfin ! dit madame Hocquart, te voilà arrivé !

M. Hocquart, après avoir embrassé sa femme avec tendresse, affecta de résister quand elle voulut le débarrasser de son manteau, qui, en tombant bientôt, le laissa voir couvert de vêtements aussi élégants que riches et portant, entre autres décorations, la croix de l’ordre de Saint-Louis. Madame Hocquart, avec une curiosité enfantine, que sa jeunesse et son éducation loin du grand monde rendaient toutes naturelles, examina le costume de celui qui passait pour l’ornement de la haute société québecquoise. M. Hocquart répondait en souriant aux questions naïves que sa jeune femme lui faisait sur différentes parties de ses vêtements et de ses décorations.

— Maintenant, Joséphine, dit-il, tu as vu ton vassal sous le costume le plus brillant qu’il pût prendre en voyage, car les habillements d’apparat ne se portent que dans les grandes cérémonies.

— Eh bien, répondit Mme Hocquart, un désir en fait naître un autre : j’ai désiré voir mon mari revêtu de sa grandeur ; à présent, je voudrais me trouver avec lui dans sa maison des Trois-Rivières ou de Québec, et jouir du rang auquel a droit l’épouse de l’intendant distingué du roi.