Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/152

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dîner-là. Il faut s’attendre à tout dans la vie littéraire.

— Tu verras, me dit Théo le dimanche matin, tu verras par l’ameublement de Victor Hugo que, s’il a du génie dans ses livres, il est tout plein d’exaltation et d’extravagance dans son ameublement ; tu ne t’étonneras pas de trouver un trône dans son salon.

— Comment ! un trône !

— Pourquoi pas ! C’est le roi de l’esprit ; il est plus roi que le roi des Français. Rassure-toi ! Chez lui, ce ne sera pas un dîner de roi, mais un simple dîner de poète.

Dès que nous fûmes dans le salon de Hugo, je me sentis transporté dans un autre horizon. Esquiros, qui écrivait alors son roman le Magicien, me dit, en me montrant le maître :

— Le vrai magicien, le voilà !

Nous n’étions pas moins de douze à table. Hugo parla beaucoup, mais moins encore que les deux dames qui étaient à ses côtés. Ces