Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/198

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et me présenta un jeune poète qui voulait me lire une comédie. Il avait déjà des intelligences dans la place : il était l’ami de Rachel, de Brohan, de Judith ; il ne doutait de rien, ce qui me donna de lui une bonne idée. Il commença par nous dire le scénario de sa pièce. Tout à coup, la porte s’ouvrit, et mademoiselle Florentine, qui venait de jouer Célimène, entra et me dit tout haut :

— J’ai perdu mon amoureux.

— Qu’est-ce que cela, votre amoureux ?

— Le voilà !

Et elle se jeta dans les bras du jeune poète.

— Voyez-vous ce chercheur de rimes ! Il a quitté sa stalle d’orchestre quand j’étais encore en scène. Je le voue aux dieux infernaux. Il m’a écrit un sonnet pour me dire qu’il m’adorait, mais je vais donner son sonnet à mon habilleuse pour se faire des papillotes.

— Et ce sera bien fait, dit le jeune poète.

Mais il joignit les mains pour demander grâce.