Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/204

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l’avait atténuée par une nuance de bonté où l’on sentait le cœur de Fantasio remonter à la surface de son esprit. Vêtu d’une jaquette de velours, dans laquelle sa taille apparaissait mieux cambrée, la batiste de la chemise plissée piquait une ligne de lumière sur la sombreur du vêtement ; une de ses mains jouait machinalement avec le chaton d’une bague passée à l’annulaire de l’autre ; portant l’inflexion du cou un peu à gauche, ce qui lui mettait du soleil dans la tête, il avait alors, en regardant les femmes, cet air souverainement impertinent ou cravacheur dont les plus révoltées subissaient l’indomptable pouvoir, dont les plus sages frémissaient malgré elles, mais dont les dédaignées ne se consolaient jamais. D’avance, on se disait que de Fantasio naîtraient les inguérissables blessures, les mortels oublis, les destinées brisées ; et pourtant elles y couraient toutes, les voluptueuses et les froides, les unes par le choc soudain de l’amour, les autres par cet attrait de curio-