Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/216

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miennes. Notre passion a fait du bruit ; prouvons aux matérialistes que dans notre temps on savait aimer, parce que dans notre temps on croyait encore à Dieu.

La comédienne ne survécut guère à ce dernier rendez-vous, et mon ami Fantasio la suivit de près chez les morts.

Je vais donner ici, selon le vœu des deux amants, quelques-unes de ces lettres. Quand l’amour s’élève à ces hauteurs dans le bleu, il est purifié comme s’il eût traversé le septième ciel. Une dernière fois ces lettres brûleront. Après quoi, elles ne seront plus qu’un peu de cendre.

Nous débutons en pleine passion.

. . . . . . . . . . . . . . . .

« Je suis jalouse, jalouse.

» Sais-tu ce que c’est ?

» Sait-on qu’avec cela la vie est impossible et qu’il faut se tuer, oui, se tuer — ou tuer ?

» Je la hais, cette demoiselle aux yeux faux qui n’aime pas vous regarder en face.