Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/256

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la tête aux pieds ? Ce n’est qu’une phrase, mais qu’elle est effrayante ! Ce n’est qu’un motif, mais à quelle profondeur il retentit en nous ! Ce n’est enfin qu’une sensation magistrale de la mort, mais quelle sueur d’agonie elle fait entrer dans l’individu, et quel vent de tourmente elle souffle dans notre être ébranlé et presque déraciné sur sa base terrestre ! Mozart seul, avec son Requiem a atteint une intensité pareille. Du reste, une analogie réelle existe, analogie toute morale, entre ce sombre génie qui s’est appelé Chopin et ce magicien de la mélodie qu’a été Mozart.

L’auteur de la Symphonie héroïque était un jour enfermé dans son cabinet. Des pensées lugubres le hantaient, lorsqu’un inconnu entra sans s’être fait nommer. Son allure étrange, sa personnalité d’où émanait le mystère, frappa le maître.

— Que me voulez-vous ? demanda-t-il à l’inconnu.