Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/284

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au premier acte de la Peri, cet autre ballet de Théophile Gautier, Carlotta Grisi y risquait sa vie, selon Roqueplan. Que M. Petipa, le grand rôle, fût maladroit ou distrait un soir, Carlotta pouvait se casser la tête. Théophile Gautier aimait ces jeux périlleux. Plus d’une fois, au cirque, il me disait : « Tu applaudis les héros de tragédie ; je les trouve bien inférieurs aux écuyers du cirque. »

Ce qui gâte toujours le personnel des théâtres ce sont les mères d’actrices. Combien peu sont de vraies mères, mais, en revanche, combien peu sont de vraies filles ! « La mère de la danseuse n’apparaît, d’ailleurs, que comme le dragon du jardin des Hespérides. »

Je ne connais pas bien les mœurs d’aujourd’hui à l’Opéra : je doute que la religion les domine. Naguère, toutes allaient à l’église et même au sermon, quelle que fût la désinvolture de leurs vertus. Les bagues et les médailles de sainte Geneviève scintillaient à leurs doigts ; aussi leur prenait-on doucement