Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/323

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« Votre pavillon est mon rêve à jamais inassouvi ; il est gentiment meublé, mais il y manque un piano. » Je louai un piano pour Eggis, qui avait tous les dons du musicien comme du poète ; aussi, c’était une bonne fortune pour moi et pour madame Arsène Houssaye dès qu’Eggis se mettait à son piano. Souvent la nuit, quand je revenais du Théâtre-Français, nous avions une séance musicale.

Mais un soir on ne l’entendit plus, ni le lendemain, ni jamais. On força la porte du petit pavillon avec beaucoup d’inquiétude, mais on n’y trouva ni Eggis, ni le piano, ni les meubles.

Eggis, tout envolé qu’il fût dans les hauteurs éthérées, avait des passions. Il s’était pris à l’amour d’une fillette qui voulait être dans ses meubles. Il avait opéré, la nuit, le déménagement de tout ce qui était chez lui pour la joie de la demoiselle. Comme il ne reparut pas, je ne savais que penser de cette