Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/35

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En venant ce matin-là, je faisais d’une pierre deux coups, car au lieu d’un ami, j’en trouvai deux ; le second, c’était l’amoureux de la marquise, Nestor Roqueplan, un dandy, un beau ou un fashionable, pour prendre les mots du temps. On ne s’imagine pas comme il jouait alors à la grâce et à la désinvolture, tout habillé à la mode du lendemain, tout parfumé d’aromes.

La marquise de Lacarte était chez Janin un luxe qui le ruinait, mais il n’avait pas le courage de briser. Elle était si belle, d’ailleurs, cette fille du baron Bosio, que c’eût été chasser de la maison l’œuvre d’art la plus parfaite. La voir, c’était le plaisir des yeux, même pour Janin, dont ce n’était plus le plaisir du cœur. La marquise ayant laissé tomber son mouchoir, je fus très surpris, en le lui offrant, d’en voir un autre dans sa main. C’était celui de Roqueplan ; mais le maître de la maison le saisit et me le présenta d’un air de raillerie : « Tenez, me dit-il, voyez où