Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/46

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dame ? — C’est ma fille naturelle, monsieur. Aussi, j’en suis fière. » Je remarquai alors que la mère elle-même, transportée par le violon de Paganini, avait de beaux yeux bleus, sous des cils noirs ; pourquoi la chair l’avait-elle envahie pour la défigurer ? Je lui demandai si elle destinait sa fille à la musique : « — Monsieur, je destine Léonie au mariage. » J’étais si émerveillé de la beauté de Léonie, qu’un peu plus je demandais sa main. « — Madame, est-ce qu’il serait indiscret de me présenter chez vous ? — Pas du tout, monsieur, je ne suis pas une sauvage, Dieu merci. — Eh bien ! madame, j’irai vous voir un de ces matins. » Tout en parlant, je regardai mademoiselle Léonie. Autre air de violon.

Après la fin du spectacle, je saluai ces dames et je les suivis à distance respectueuse. Le lendemain, tout en me demandant à quoi bon, je me présentai rue du Four, numéro 3, chez madame Dusol. J’entrai dans un horrible taudis. Mon premier regard fut pour Léonie,